Responsabilité, risque, précaution

De Coredem
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Définitions

  • La responsabilité (du latin respondere, la capacité à répondre, par exemple, aux questions d'un juge) est la capacité d'un individu de répondre de ses actes et d'assumer leurs conséquences plus ou moins volontaires. Elle se distingue de la culpabilité en ceci qu'elle ne suppose pas une faute volontaire ni originelle, mais seulement une action, ou du moins une intention. La responsabilité est la condition d’imputabilité de nos actes, elle désigne le fait d’être le sujet approprié d’une sanction juridique et morale. On est ainsi responsable à un niveau abstrait et formel lorsqu’on est l’auteur de l’acte ainsi que du dommage ou du bienfait qui en résulte. Il s’agit ici du sens technique de la responsabilité promu par le droit, selon lequel un individu est "responsable de ses actes", c’est-à-dire qu’il jouit de capacité volitives et cognitives suffisantes pour se voir imputer tel acte particulier. La responsabilité est également une modalité de l’agir, si bien qu’agir de façon responsable, c’est s’acquitter d’une tâche ou d’un devoir de façon réfléchie, circonspecte, prudente et consciencieuse. Elle s’applique alors souvent dans le cadre d’activités professionnelles ou de rôles sociaux qui impliquent un ensemble d’obligations relativement complexes et dont la mise en œuvre demande une attention et un soin soutenus. La responsabilité comme disposition à agir est avantageuse d’un point de vue social, car elle justifie la confiance de chacun dans des personnes dont on suppose qu’elles prennent au sérieux leurs responsabilités, précisément : un garagiste, un instituteur, un juge, etc… Maintenant, il convient d'admettre que la responsabilité n'est pas une vertu morale qui pourrait se substituer à des vertus particulières (loyauté, courage, civisme, …). Et la responsabilisation en tant qu'appel vague à la conscience de chacun (par exemple, la réduction de la consommation individuelle face à la pollution globale) risque de n'être qu'une exigence vague peu à même de produire un concernement des personnes.
  • Le risque est une menace avérée ou potentielle prévisible (ex : Je roule en voiture sur l'autoroute à l'occasion d'un départ en vacances, avec le risque qu'il m'arrive un accident, sans que je sache avec certitude s'il se produira ou pas). Le danger est une menace avérée ou actuelle tangible (ex : Je roule en voiture sur une autoroute en sens inverse de la direction habituelle, et des voitures qui roulent dans le bon sens se rapprochent à grande vitesse de la mienne). L'aléa est une menace potentielle imprévisible (ex : Je roule en voiture sur une autoroute et un avion en perdition s'écrase sur mon véhicule). Il importe de bien préciser la différence entre le risque avéré et le risque potentiel : tandis que le risque avéré est un risque bien identifié, le risque potentiel est un risque seulement intuité, objet d’une hypothèse, et qui n'est pas encore bien identifié. C'est toute la différence entre une personne qui doit prendre la route à qui on dit (a) que sa voiture un peu vieille présente une faiblesse particulière (par exemple, le radiateur peut cesser de fonctionner); ou à qui on dit (b) qu'elle présente peut-être une faiblesse particulière, ou plusieurs, mais qu'il est impossible de toute façon de préciser lesquelles (peut-être le radiateur, mais peut-être aussi les freins, ou les amortisseurs, etc...).
  • La précaution signifie que lorsqu'il y a présomption raisonnable d'un risque déraisonnable, l'absence de certitude scientifique quant à la réalisation de ce risque ne doit pas être un prétexte à retarder l'adoption de mesures visant à limiter ou à éliminer ce risque. Le principe ou l'attitude de précaution a le mérite d'engager une suspension du jugement et de la décision dans un contexte d'incertitude due à l'ignorance de la gravité des effets de l'action et des niveaux d'acceptation du risque. La précaution n'est pas pour autant un principe d'abstention ou d'inaction, car elle impose d'agir dans un monde dont la caractéristique est d'être fondamentalement incertain. En cela, le principe de précaution entraîne une révision profonde des relations entre science et décision, au détriment d'une conception technocratique de l'expertise détentrice de la certitude. Il est d'usage de considérer que le principe de précaution concerne les risques potentiels, tandis que la prévention concerne seulement les risques réels. Mais l'analyse de la logique du raisonnement de précaution montre qu'il est nécessaire afin d'engager une décision de précaution de produire une évaluation établissant une conversion d'un risque potentiel en un risque réel.

Références

Sylvain Lavelle, Science, technologie et éthique, Ellipses, 2006.

Liens utiles

Site du Centre Ethique Technique et Société (CETS), ICAM de Lille